MILOUD LABIED (1939 – 2008)

Miloud Labied, dit Miloud, est né en 1939 à Kalâat Sraghna dans la région de Marrakech. C’est en 1945 qu’il émigre à Salé avec sa famille, notamment sa mère, Radia Bent Lhoucine –à qui il transmis plus tard l’amour de la peinture–.  D’abord autodidacte, il suivit un apprentissage libre du dessin et de la peinture dans l’atelier du Ministère de la Jeunesse et des Sports, dirigé à Rabat par Jacqueline Brodskis, de 1958 à 1962, tout en continuant d’exercer dans les domaines les plus divers
Certains ont d’abord voulu voir en lui un naïf, l’alignant indifféremment sur le sort et les productions de sa mère. Mais dans une quête permanente, Miloud ne s’est jamais complu dans un style unique ou un expression stable et immuable. Ce sont les marges à découvrir, les frontières à transgresser, les limites à franchir qui semblent toujours séduire et tirer vers elles un artiste toujours prêt à aller à la rencontre de l’ailleurs.
Depuis sa première exposition au musée des Oudayas à Rabat en 1958, il a participé à plusieurs expositions, aussi bien au Maroc qu’à l’étranger dévoilant ainsi toutes les facettes de son art car bien que reconnu dans la peinture, il a compté également la sculpture et la photographie dans ses expériences artistiques. Et, en 1974, il a tenu à développer sa formation en étudiant pendant un an à l’Ecole des Beaux Arts de Paris. En octobre 2005, l’une de ses réalisations, une peinture à l’huile créée en 1996, a été offerte à l’UNESCO, par le Maroc, pour son 60^ème anniversaire, le montant ainsi au grade d’ambassadeur de son pays. Il meurt en 2008, à Rabat, laissant indubitablement un profond vide dans l’univers artistique marocain.
Miloud aimait s’attribuer les mérites d’un peintre-chercheur. La plupart du temps, il délaissait les pinceaux en quête de nouvelles inspirations. Ceci dit, Miloud était totalement émancipé des impressions qu’émanaient ses compositions, et ne tenait que trop peu de rigueur aux idées que se faisaient les autres sur son travail. Bien qu’il ait depuis longtemps occupé le podium des professionnels de l’art, son souci majeur était son étroite intimité avec ses tableaux qui transposaient son travail en de profondes réalisations personnelles.
Son œuvre a expérimenté toutes les matières : peinture à l’eau mélangée à l’essence de térébenthine, pastels, craies, pigments, terre, cendres, ingrédients de cuisine, cumin, piment rouge, poivre… Miloud ose la rupture passant d’un geste chargé du lyrisme du cercle, retraçant toute une fluidité de la courbe dont les rythmes ont imposé la patte de l’artiste, à « une construction de l’espace  autour de la ligne verticale », « des harmonies fines et sourdes, tout en transparence ».
Miloud Labied était un artiste aux habitudes atypiques et singulières. Là où la majorité des peintres nommaient leurs tableaux pour orienter le public vers des directions précises, lui ne percevait pas l’utilité de labelliser ses œuvres d’art, se contentant de les numéroter et comptait sur le caractère de ses compositions pour délivrer ses messages. Il réfutait cependant farouchement l’idée qu’une peinture se doit d’être décortiquée comme un roman. Il allait même jusqu’à refuser de lire les critiques artistiques portées sur ses œuvres ; pourtant, le monde, l’art marocain, ne tarissent pas d’éloges à son propos.
Edouard Roditi, critique d’art, historien et spécialiste de la peinture métaphysique italienne pensait que : « l’évolution de la peinture de Miloud Labied se distingue de celle de la majorité des autres peintres marocains de ces quelques dernières décennies par sa constante et bien évidente volonté de renouvellement […]. En cette volonté de renouvellement, il y a en outre un élément de gageur, c’est-à-dire de risque consciemment assumé par l’artiste : il ne craint pas, à force de refus de répéter, de s’égarer dans la multiplicité des possibilités stylistiques qui s’offrent à son esprit, ni de semer la confusion dans l’esprit de certains de ses admirateurs qui ne reconnaîtraient plus, en ses œuvres d’une nouvelle phase de son évolution, la personnalité artistique d’une phase antérieure qui leur était devenue familière. »
A l’occasion d’un voyage à New York, Miloud explique : « C’est assez rare que l’on passe de la peinture lyrique à la géométrie. Je ne connais pas d’exemple justement. Le géométrique, ça vient après, c’est maintenant. Il y a 8 ou 9 ans, j’ai eu envie de changer. Ca devenait une routine. Mais je en savais pas quoi changer. J’ai voyagé en Amérique et j’ai été très impressionné par les gratte-ciel. Pour peindre ces gratte-ciel, on ne peut pas faire autrement. Dans un sens c’est figuratif oui. »
 « Au commencement, disait Miloud, j’étais un peu influencé par Paul Klee, mais ça n’a pas duré longtemps. Quand je dis Paul Klee, je parle plutôt de la liberté mais vraiment le travail. Je crois que c’est [une peinture] à ma façon, elle existe, elle est très violente. On me pose la question : elle ne te laisse pas dormir ? Le fait de poser la question c’est très violent. On cherche ce que c’est. Qu’on dise que c’est très beau, ça ne m’intéresse pas. Je veux que les gens soient dérangés. »
 C’est sa peinture gestuelle lyrique, totalement abstraite et tout à fait personnelle qui reste la plus connue du public alors qu’il raconte lui-même avoir commencé par la peinture figurative libre, nature morte, portraits avant de commencer à peindre ça. Cette période s’est finalement suivie de trois ou quatre ans de relief, pour finir par peindre de l’érotique géométrique.

COLLECTIONS

Le Ministère de la Culture, Maroc

Fondation ONA, Maroc

Société Générale Marocaine des Banques, Casablanca

Attijariwafa Bank, Casablanca

Musée de Bank al Maghrib, Rabat Fondation CDG, Rabat

Fond de l’UNESCO

PRINCIPALES EXPOSITIONS INDIVIDUELLES

2011 « Une vérité en peinture », Fondation CDG, Rabat

2007 Galerie Venise Cadre, Casablanca

1992 Galerie Almanar, Casablanca

         Galerie l’Atelier, Rabat

1983 Galerie Bab Rouah, Rabat

         Galerie Oeil, Rabat

1977 Galerie Structure BS, Rabat

1976 Galerie Nadar, Casablanca

1975 « Gouache », Galerie L’Atelier, Rabat

         « Reliefs », Galerie Nadar, Casablanca

1969 Galerie La Découverte, Rabat

63-68 Galerie Bab Rouah, Rabat

PRINCIPALES EXPOSITIONS COLLECTIVES

2014 « 100 ans de création picturale », Musée Mohamed VI, Rabat

2006 « Cent ans de peinture au Maroc », institut Français de Rabat

2004 Wereldmuseum, Rotterdam

2003 Art contemporain du Maroc, Bruxelles

         The Brunei Gallery, Londres, Angleterre

1999 Salon d’Automne, Casablanca ;

         « Peintres en partage », Paris, France

1997 Rencontre inter-arabe et méditerrannéenne, Bab Rouah, Rabat

1991 Palacio de Cristal, Madrid ; « Présence artistique du Maroc », Espagne

1988 « Peinture contemporaine au Maroc », Bruxelles, Ostende et Liège, Belgique

1986 « Présence artistiques du Maroc », Grenoble

1981 Peinture marocaine contemporaine, Fondation Joan Miro, Barcelone, Espagne

1978 2ème Biennale arabe, Rabat ;

         Petits formats, Galerie l’Atelier, Rabat

1972 1ère biennale arabe, Bagdad, Iraq

1969 « Ecole marocaine », Copenhague, Pays-bas

1964 Rencontre internationale, Musée des Oudayas, Rabat

1958 Musée des Oudayas, Rabat